Massue bec d'oiseau

Désignation

Massue bec d'oiseau

Création/Exécution

Drehu

Nouvelle-Calédonie : Pays

19e siècle

Matière et technique

Bois indéterminé (xylème)

Papier

Coton: tissu d'origine Européenne

Poil de roussette (Pteropus sp.)

Coco: fibres (Cocos nucifera - Palmae)

Sculpté

Taillé (bois, os)

Polissage (bois ou ivoire)

Tressage - Vannerie

Mesures

Longueur maximale en cm : 82

Largeur maximale en cm : 36 (tête)

Hauteur en cm : 12.5 (tête)

Diamètre maximal en cm : 3.3 (haut du manche)

Diamètre maximal en cm : 3.6 (bas du manche)

Poids (en g) : 994

Numéro d'inventaire

MNC 2018.1.1

Date d'entrée / prise en charge du bien

28/02/2018

Description

Massue monoxyle comportant un manche cylindrique avec une poignée en relief et une tête triangulaire protubérante, à angle droit avec le manche. La tête comporte un « oeil » situé à la verticale du manche et une arrête en relief allant de la pointe à l’oeil. Le manche de la massue est décoré sur le tiers de la massue (et par-dessus la poignée) avec un morceau de papier bleu (remplaçant probablement le traditionnel tapa bleu) surmonté d'un tissu de coton blanc partiellement déchiré, et maintenus par plusieurs ligatures différentes de poils de roussette tressés et teints. Un motif à grosses mailles de tresses de poils de roussette couvre l'extrémité proximale de la massue.

Fonctionnement et contexte

Les massues et casse-têtes font partie de la panoplie des armes kanak. Il en existe plusieurs formes mais les plus fréquents sont de deux types : le casse-tête « phallique » (en forme de phallus) et le casse-tête « bec d’oiseau » (en forme de bec d’oiseau ou de tortue). L’usage de casse-tête pour la guerre et les danses est répandu dans toute la Nouvelle-Calédonie. A propos de leur symbolisme, Maurice Leenhardt note la nécessité d’exalter la virilité par un orateur lors des discours de guerre conservés par la tradition orale. Ils sont souvent décorés de ganses, d’étoffes, de cordonnets européens puis munies de bouquet de plantes protectrices dont le pouvoir permet de renforcer leur efficacité. Leurs différentes formes ne correspondent pas à une utilisation précise mais plus à l’affirmation de styles régionaux, chaque groupe socio-politique apposant sa marque de fabrication sur les objets qu’il utilise.
Les anciens brandissaient ces massues dans les pilous et plus particulièrement pour la déclamation des discours généalogiques, comme signe de virilité masculine et de puissance.
Cette massue bec d'oiseau, offerte par l'Association les amis du musée de Nouvelle-Calédonie (ALAM-NC) a été acquis lors d’une vente aux enchères le 21 octobre 2017, à New York. L’intérêt majeur de l’objet provient d’une inscription manuscrite, gravée dans sa partie supérieure : " Presented by the Rev. Dr McFarlane to Dr. Coombs, from Fiji ". Samuel MacFarlane (1837–1911) était un révérend de la London Missionary Society (mission protestante de Londres) en poste aux îles Loyauté, avant James et Emma Hadfield, dont le Musée de Nouvelle-Calédonie possède déjà une collection d'objets donnés par leurs descendants en 2009. On lui accorde la publication et la traduction de l'évangile de Saint-Matthieu et du nouveau testament en drehu, et le livre The Story of the Lifu Mission, publié à Londres en 1873.
Le musée de Nouvelle-Calédonie poursuit actuellement ses recherches pour déterminer l’auteur de la dédicace (il est presque certain que MacFarlane ne l’a pas faite lui-même), la date du cadeau (le terme " Rev Dr " suggère que MacFarlane aurait fait le don après l'obtention de son doctorat en 1886), et l’identité du Dr. Coombs, qui pourrait être issu d’une famille influente australienne qui comptait bon nombre de voyageurs.
Le révérend est arrivé à Lifou avec son épouse le 30 octobre 1859, à l’âge de 22 ans. La mission dans laquelle il oeuvrait a été détruite par les Français en mai 1864, sur ordre du gouverneur Guillain qui cherchait à étendre la prise de possession française aux Loyauté. En décembre 1870, le Rev. A. W. Murray arrive pour le remplacer. Ils partent ensemble en Papouasie-Nouvelle-Guinée en mai 1871, puis reviennent à Lifou en novembre de la même année. Samuel MacFarlane part ensuite pour l’Angleterre, retourne en Australie en 1874, et enfin s’installe en Papouasie-Nouvelle-Guinée jusqu’en juin 1886.
Ce très bel objet et la qualité du décor du manche, suggère un cadeau fait au Révérend à Lifou entre 1859 et 1871, et non une arme de guerre.Photographie Eric Dell'Erba

Inscriptions / marques

Manuscrite

Presented by the Rev. Dr MacFarlane
To Dr Coombs
From Fiji.

Présenté par le révérend Dr MacFarlane au Dr Coombs, de Fidji

Sur le dessus

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