Bambou gravé

Désignation

Bambou gravé

Création/Exécution

Nouvelle-Calédonie : Pays

19e siècle (2ème moitié)

Matière et technique

Bambou indéterminé: chaume (Bambusoidée - Poacée)

Gravé à la pointe

Noix de bancoul: suie (Aleurites moluccana)

Fumé - noirci

Fibres végétales indeterminées

Noué(e)s

Mesures

Longueur maximale en cm : 121

Diamètre en cm : 4.5

Poids (en g)

Numéro d'inventaire

MNC 2020.6.1

Date d'entrée / prise en charge du bien

09/07/2020

Description

Bambou gravé constitué de deux entrenœuds de taille presque égale.
Sur le premier entrenœud figurent quatre séries de croix de malte assombries de hachures ou de figures géométriques, avec entre celles-ci trois registres de personnages féminins debout. Sur le premier registre les 2 personnages féminins sont debout, de face, les bras noircis, avec des jupes sombres. Elles ont les cheveux courts, des colliers serrés autour du cou et la poitrine nue. de chaque côté des yeux figurent deux traits horizontaux qui pourraient être le symbole de tatouages ou de scarifications (à confirmer). Sur le deuxième registre, 3 personnages féminins sur 4 n'ont pas de bras, tandis que la 3e tient un fusil. Ses bras sont noircis, ainsi que toutes les jambes de ces personnages. Sur le troisième registre, toutes les femmes ont les bras et jambes noircies, hormis au-dessus des coudes gauches, ce qui suggère la présence de bracelets en cône. Les 4 femmes de ce registre portent une flûte droite dans la main gauche. l'une d'elle porte également un sac avec une inscription dans la main droite. Un fusil est dessiné verticalement entre deux femmes.
Sur le second entrenœud, légèrement moins long, figurent trois séries de motifs entre l'étoile et la croix de malte assombries de hachures, avec entre celles-ci un registre de motifs géométriques bicolores, un registre de personnages masculins debout, et un dernier petit registre, à l'extrémité du bambou.
Le petit registre comporte le haut d'un personnage masculin, qui ne semble pas fini, et deux fusils. Le grand registre avec les personnages masculins en pied en comporte quatre, dont deux moustachus. Tous sont coiffés d'une forme de tidi, et ont un collier autour du cou. Tous ont les jambes noircies, mais pas de bras.

Fonctionnement et contexte

Le bambou gravé était utilisé d'abord comme bâton de voyage. On y introduisait des herbes magiques qui permettaient de se protéger et de se soulager de la fatigue du voyage. Il est difficile de dire si les bambous gravés correspondent à une tradition reculée. Ils sont signalés dans les écrits dès la fin du 18ème siècle et tous ceux que nous connaissons aujourd'hui ont été collectés entre 1850 et 1920; (la matière des bambous est fragile, ils se fragmentent en se desséchant et s'effritent, les vers de bois les rongent..). Le bambou (qui entre dans la fabrication d'objets très variés) est aussi un support de langage. Les décors retracent des scènes de la vie quotidienne: pêche, chasse et travaux des champs ou des cérémonies coutumières et événements marquants: marchés traditionnels, deuils, mariages ou guerres. On y trouve aussi des éléments évoquant les contacts avec les premiers européens: chevaux, bateaux, fusils, maisons coloniales, soldats, hommes et femmes européens. Le trait , souvent d'une grande finesse, est obtenu pour les plus anciens bambous gravés avec des outils rudimentaires mais parfaitement adaptés au caractère ligneux du support: morceaux de quartz, extrémités de pinces de crustacés emmanchés ou canifs. Lorsque le travail est terminé, l'artiste enduit le décor de suie ou d'une graisse dont la couleur noire est obtenue par la carbonisation de la noix de bancoule. Le mélange s'incruste dans les lignes et une fois le bambou essuyé, seule la couleur marque la gravure.
Cet objet a été acheté par le musée à une galerie parisienne en 2020.Photographie Eric Dell'Erba

Inscriptions / marques

Pyrogravure

ELLIA XXII
AIA à une extrémité
ATNANCVABHEI(le E est à l'envers)

Au milieu