Spatule à chaux - Objet de curios / fabriqué pour la vente

Désignation

Spatule à chaux

Objet de curios / fabriqué pour la vente

Création/Exécution

1986, antérieure à

/ East Sepik Province, PNG

Momase Region, PNG

Papouasie Nouvelle-Guinée : Pays

Matière et technique

Os de casoar (Genre Casuarius)

/ Taillé (bois, os)

Mesures

Poids (en g) : 24

Hauteur en cm : 37

/ Largeur en cm : 5

Numéro d'inventaire

MNC 86.7.13 b

Objet associé

MNC 86.7.13 a Gourde à chaux Collection MNC : Ensemble

Description

Fine spatule à chaux en en os de caoar dont l'extrémité, plus épaisse, est perçée de deux trous. D'après des exemples similaires de la collection du musée du Quai Branly, ces trous "permettaient aux guerriers d'y suspendre des pendeloques d'anneaux de rotin avec leurs houppes de plumes correspondant aux nombres d'ennemis tués."

Fonctionnement et contexte

Le mot bétel désigne à la fois une espèce de poivrier grimpant (Piper betel) et une chique aux effets toniques et légèrement narcotiques qu’on obtient à partir de ses feuilles mâchées avec d'autres ingrédients. Ses consommateurs attribuent au bétel nombre de bienfaits: il est fortifiant, stimulant, antiseptique, procurerait une haleine fraiche, des lèvres bien rouges, un excellent métabolisme… Hélène Giguère et Pierre Maranda qui ont consacré une brève étude à la consommation du bétel en Océanie disent que « dans certaines sociétés, on attribue à la salive ainsi colorée des vertus thérapeutiques auprès des mourants et des malades ». Selon les régions et les communautés, il est dit aussi que le bétel permet de soigner les maux de tête, l'arthrite, les rhumatismes, les maux de dents. En Indonésie, les feuilles de Piper betel sont parfois bues en infusion, et employées comme antibiotique. « On consomme le bétel de deux façons différentes, soit qu'on prépare le mélange en commençant par étendre, à l’aide d’une spatule, un peu de chaux sur une feuille de poivrier qu'on dépose dans un mortier. On y ajoute des morceaux de noix d’arec (Areca catechu) et quelques graines aromatiques; on pile longuement le tout dans un mortier. On porte la mixture à la bouche avec une spatule ou un bâtonnet avec lequel on tambourine, en de courtes séquences bien rythmées, sur le bord du mortier, tout en mastiquant. Autrement on croque la noix avec une bouchée de feuille de poivrier roulée et on y ajoute de la chaux au moyen d'une petite baguette. Vu l’importance rituelle de cette consommation, on a particulièrement soigné l’ornementation de ses instruments: mortier et pilon, contenants à chaux finement ouvragés, souvent en bambou ou parfois crâne du mari pour sa veuve, avec certains de ses ossements (reliques) en guise de spatules » (Hélène Giguère et Pierre Maranda, Musée de la Civilisation, Québec, 2000). Dans les deux préparations, la chaux fait office de catalyseur, et l'arec contient l'alcaloïde arécoline, qui favorise la salivation, la salive devenant teintée de rouge. Ignoré de la Polynésie et du sud de la Mélanésie (Vanuatu et Nouvelle-Calédonie), le bétel est un bien social de grande valeur dans le Pacifique occidental (Nouvelle-Guinée, Archipel Bismarck, Salomon, Palau). Avant d’y être consommé, la noix d’arec est objet d’échange, gage d’amitié, support de convivialité, composante des prestations matrimoniales, substance magique, offrande aux ancêtres et donc lien avec les esprits et les déités. Texte de Patrice Godin pour les "Inédits du Musée de Nouvelle-Calédonie", novembre 2012.
La présence de cet objet au musée est attestée à partir de 1986, mais sans plus de précisions dans l’inventaire. Il s'agirait peut être d'un curios, ou objet uniquement créé pour être vendu à des touristes, mais certains spécialistes l'ont trouvé simple mais représentatif d'objets utilisés dans les années 80.Photographie Eric Dell'Erba

Exposition

Journées thématiques au MNC Musée de Nouvelle-Calédonie 06/2012 06/2012