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Hache ou casse-tête de cérémonie ("ostensoir")

Désignation

Hache ou casse-tête de cérémonie ("ostensoir")

Création/Exécution

Nouvelle-Calédonie : Pays

Matière et technique

Mûrier à papier: écorce battue

/ Tressage - Vannerie

Mesures

Poids (en g) : 1680

Numéro d'inventaire

MNC 2017.3.1

Description

Hache de cérémonie dite « ostensoir » comprenant une lame de serpentine presque ronde, aux bords extrêmement fins, emmanchée par deux trous à un manche en bois recouvert de parcelles de tapa de mûrier blanc, maintenues par des tresses croisées de fibres de coco. L’extrémité du manche située sur la lame comprend des restes de tresses de poils de roussette. L’autre extrémité du manche (la base) ne comporte aucune décoration ni ajout.

Fonctionnement et contexte

L’appellation « hache ostensoir » provient de l’Amiral Bruny d’Entrecasteaux qui lors de son expédition en Nouvelle-Calédonie en 1793 découvrit cet étrange objet. Sa ressemblance avec l’ostensoir du culte catholique destiné à la présentation aux fidèles de l’hostie consacrée, entérina son appellation jusqu’à aujourd’hui. Bien que le naturaliste de l’expédition Jacques-Julien Houtou de La Billardière obtint le nom de n’bouet , l’objet finement décoré ne permettait pas de découper le corps des victimes.
Formalisant une tradition d’échanges entre chefferies pour renforcer les alliances, la pierre travaillée parcourait un itinéraire allant de l’île Ouen à l’île des Pins ou Yaté puis les îles Loyauté jusqu’à Ouvéa avant de revenir sur la Grande Terre. Ce cycle décrit par le pasteur Maurice Leenhardt mais déjà périmé en 1937 pourrait laisser entrevoir d’autres sources d’extraction et de fabrication sur la Grande Terre comme l’attestent des études récentes en archéologie. Considérée comme un objet de prestige et de richesse, la hache cérémonielle se transmettait de génération en génération.
A partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, nombre de modèles qui furent collectés par les Occidentaux montrent des caractéristiques lithiques et végétales différentes. Plus grands et plus épais, les disques de pierre étaient faits plus hâtivement pour satisfaire des relations commerciales avec les résidents de passage tels les administrateurs coloniaux ou collectionneurs occidentaux. Le tapa laissa place au calicot rouge ou bleu. Toutefois, l’ajout d’éléments exogènes lors de la fabrication n’invalidait pas forcément le cycle traditionnel de l’objet.
D’après les informations recueillies auprès d’un des descendants du colon Charles Ragot, la hache ici exposée lui aurait été offerte par le chef de la tribu de Tiouandé. Charles Ragot est arrivé en Nouvelle-Calédonie en 1875 et s’installa à Ouégoa. Eugène, un de ses enfants, s’installa sur une propriété au lieu-dit Tiouandé en 1909.
Le musée de Nouvelle-Calédonie possède une quinzaine de haches de ce type. Elles datent du XIXe et du XXe siècle. L’exemplaire qui est présenté ici a été acquis en 2017 auprès d’un collectionneur privé.
Texte des "inédits du musée" Juillet 2018.
Photographie Eric Dell'Erba.

Exposition

"Inédits du Musée" MNC-ALAM 2018 Musée de Nouvelle-Calédonie 04/03/2018 05/03/2019